Avertissement : cet article date de bien avant qu'on nous rebatte les oreilles avec ce mot... ^^
Un petit mot, ce soir, sur un bien grand mot, si important dans notre métier.
C'est une qualité morale et professionnelle que j'envie et que j'admire : elle est naturelle chez certains collègues, plus jouée chez d'autres, mais elle me semble nécessaire, et ce n'est pas la première des qualités que j'avais en débutant ce métier.
Du coup, le manque de bienveillance est la première chose qui me saute aux yeux chez certains collègues, sans doute parce que le chemin n'a pas été simple pour moi, pour trouver ma couleur de bienveillance.
C'est une qualité morale et professionnelle que j'envie et que j'admire : elle est naturelle chez certains collègues, plus jouée chez d'autres, mais elle me semble nécessaire, et ce n'est pas la première des qualités que j'avais en débutant ce métier.
Du coup, le manque de bienveillance est la première chose qui me saute aux yeux chez certains collègues, sans doute parce que le chemin n'a pas été simple pour moi, pour trouver ma couleur de bienveillance.
Entendons-nous, des collègues malveillants, je n'en ai jamais croisés. Il y a toujours des légendes au sujet de certains, mais personnellement, je n'en ai pas croisés.
J'ai croisé des collègues dont certaines lubies finissaient par les rendre peu bienveillants avec certaines catégories d'élèves liées à cette lubie donc, et d'autres qui se voulaient tellement bienveillants mais faussement, qu'à l'arrivée, ils créaient les conditions d'une forme involontaire de malveillance envers ceux moins touchés par leurs débordements... mais on ne peut pas non plus toujours faire ce qui est attendu par tous, élèves, parents, et hiérarchie...
Bref, j'admire les collègues bienveillants, et doux, calmes, posés, qui animent leurs échanges avec les élèves avec une égale humeur, et des éclats plus vifs à l'occasion : complicité, ou fâcherie feinte.
Longtemps, je me suis embarrassée de croyances que je trouve encore chez certains collègues, qui m'ont empêchée d'être vraiment bienveillante et à l'écoute correctement. Au point de paraitre même le contraire : je me souviens d'un collège AVS co dans un collège, qui me ramène un jour un élève envoyé respirer chez le directeur, qui m'entend l'accueillir dans la classe et qui me glisse en douce "mais en fait, tu les adores tes élèves"... euh, ben oui, (enfin adorer tous mes ados un peu négligés côté hygiène ou insolents, faut pas exagérer non plus... ).
Je me suis longuement interrogé sur l'image qu'il s'était forgée, et j'imagine que les dires des élèves en récré n'y étaient pas pour rien, mais c'était un homme assez intelligent pour faire la part des choses, il avait (forcément) dû ressentir certains de mes propos ou des mes actes comme peu bienveillants donc.
Et mes propos au sujet des élèves ont forcément dépassé les limites, dans les moments de relâchement où on respire dans certains endroits tendus (je pense notamment à une des segpas que j'ai connues surtout, difficile, et dans un collège réputé, donc pas toujours facile pour la segpa) : les histoires de profs de segpa en salle des profs ressemblent parfois à celles des carabins en salle de garde à l'hôpital...
Des remarques faites en conseil de classe qui pourraient être interprétées autrement que ce qu'elles sont, simplement parce qu'on ne peut pas tout dire de l'élève dont on parle, et qu'on utilise alors des périphrases passe-partout, qui sous-entendent aussi bien du mal que du bien. Mais pour autant, non, ce n'est alors pas bienveillant.
On n'est pas bienveillant non plus quand on pense qu'on sait ce qui est bon pour les élèves, à leur détriment parfois. Ce point-ci, je ne m'en accuse pas, mais je l'ai vu souvent.
Et puis, il y a tous ces moments où tel ou tel élève agace fortement, qui coïncide avec un autre énervement, ou un coup de stress perso... et où une remarque fuse. Oh, parfois elle ne fait pas mouche, l'élève s'en tamponne le coquillard, et c'est une des raisons pour lesquelles il nous énerve celui-ci précisément, mais on ne sait pas le poids de ces mots plus tard, ou dans le fond, et surtout, on sait par expérience hélas, avec d'autres élèves, que ça touche quand même un peu, et que ce n'était ni bienvenu, ni gentil.
La bienveillance naturelle ne s'invente pas; je crois que c'est une disposition de certaines personnes. Et ce n'est pas parce que ça ne leur coûte pas que ce n'est pas respectable et admirable, au contraire.
Il me semble qu'elle s'acquiert cependant lorsque ce n'est pas naturel, et qu'une volonté d'être égal, pas forcément doux et toujours affable, mais au moins aimable, attentif, à l'écoute donc des élèves, peut se construire et s'améliorer. En tous cas, je le tente, et à faire cet effort (attention, ce n'est pas un effort qui coûte, juste un effort par rapport à quelque chose à améliorer donc), je suis encore plus choquée au fil du temps par ceux qui m'avaient l'air bienveillant et ne le sont pas tant que ça...
et d'autant plus admirative de celles et ceux qui le sont toujours, et tiennent sur ce point, le long des années.
Petites précisions pour comprendre l'esprit de cet article : ce n'est pas parce qu'on ne répond pas aussitôt à une sollicitation d'un élève sur le champs qu'on n'est pas bienveillant, mais dans le sens inverse, penser qu'on leur fait du bien, en leur inculquant nos propres visions de ce qui est bon pour eux parce que ça nous a rendu heureux au même âge, ce n'est pas non plus toujours de la bienveillance...
Des exemples ?
Les laisser nous couper la parole, parce qu'on souhaite être à leur écoute, ça ne veut pas dire qu'on l'est...
Ecouter tous les jours les mêmes récriminations d'un élève envers tous les autres pour être attentif, sauf cas de harcèlement, ce n'est pas forcément non plus de la bienfaisance...
Mais dans l'autre sens, on peut sérieusement manquer de générosité en essayant d'éduquer à sa façon, quand on part du principe que l'enfant ne peut pas être heureux autrement
On peut aussi, en supposant simplement la défection des parents, du milieu, être autrement plus malfaisant pour l'enfant, alors qu'il vit simplement autrement que nous, et qu'il n'en est pas plus malheureux : attention, là encore, je ne parle pas de maltraitances des parents... ni des cas à signaler mais de choses vues chez des collègues où parce que les parents font les quarts et ne sont pas là quand l'élève rentre à 18h30, c'est qu'ils se désintéressent de sa scolarité puisqu'ils ne l'aident pas à faire ses devoirs, joli exemple, non ? Ou : tu te rends compte, il fait ça ou ça, ses parents lui font débarrasser la table, et ranger, et il doit aussi participer au ménage... on ne lui laisse pas vivre sa vie d'enfant, c'est quand même aux parents de tout faire pour l'enfant (et de faire sentir aux parents combien on trouve leur comportement inadmissible)... bon, il a 12 ans, l'enfant... je te le dis quand que mes enfants plient leur serviette et débarrassent la table avec moi dès 3 ans, mère indigne que je suis ?
Encore une fois, pour avoir observé récemment une collègue vraiment bienveillante, ce n'est pas non plus être dans un rapport fusionnel avec les élèves ou chouchouter les gentils ou encore être toujours aux petits soins pour eux.
Et toujours pour avoir observé cette collègue que j'admire pour sa bienveillance, cela ne signifie pas pour autant que ce sont les meilleurs pédagogues ou les plus bosseurs, ou les plus sérieux dans le métier ^^
Pour autant, rien que pour cette qualité humaine extraordinaire, je l'admire fort.
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